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14 juillet 2019 7 14 /07 /juillet /2019 15:22

Le grand départ

Nous vivons les derniers préparatifs avant la traversée. Rappelons que la plupart des garçons de Carroll n'ont jamais vu la mer...

Camp Funston, Kansas

« Nous n’avons qu’un sujet dans notre préparation : chasser les Huns. Nous serons au port d’embarcation le 20 septembre. Nous avions peur que la guerre soit terminée sans nous  avoir donné la possibilité de renvoyer l’ennemi au-delà du Rhin. On ne nous aurait pas tant entrainé au lancement de grenade, combat à la baïonnette dans les tranchées et tir au fusil si ce n’était pas pour nous envoyer. J’aurais aimé être près pour aller  à la maison avant la traversée mais ce n’est pas possible. Nous n’aurons plus de permissions. Si vous pouviez être au port, ce serait une heureuse rencontre. Nous ne savons pas de quel port nous partons et ne le saurons qu’en étant sur place...

« Nous n’avons qu’un sujet dans notre préparation : chasser les Huns. Nous serons au port d’embarcation le 20 septembre. Nous avions peur que la guerre soit terminée sans nous avoir donné la possibilité de renvoyer l’ennemi au-delà du Rhin. On ne nous aurait pas tant entrainé au lancement de grenade, combat à la baïonnette dans les tranchées et tir au fusil si ce n’était pas pour nous envoyer. J’aurais aimé être près pour aller à la maison avant la traversée mais ce n’est pas possible. Nous n’aurons plus de permissions. Si vous pouviez être au port, ce serait une heureuse rencontre. Nous ne savons pas de quel port nous partons et ne le saurons qu’en étant sur place...

...Nous avons une lourde charge à porter et de plus, 250 balles pour nos munitions. Pour la pratique religieuse, il suffit de nous rendre chaque dimanche matin au YMCA. Après la traversée, je vous enverrai des souvenirs et une longue lettre. » (G.C. Croockett – 09/18)

...Nous avons une lourde charge à porter et de plus, 250 balles pour nos munitions. Pour la pratique religieuse, il suffit de nous rendre chaque dimanche matin au YMCA. Après la traversée, je vous enverrai des souvenirs et une longue lettre. » (G.C. Croockett – 09/18)

« Ma section (500 hommes) atterrit à Camp Upton* après avoir quitté Camp Hancock, il y a 15 jours. A 50 miles de l’autre côté de New York, c’est un camp typique du nord. C’était un bon voyage de 50 heures où j’ai essayé de divertir les gars de mon mieux. Tout le long, la Croix Rouge vint à la rescousse et ils étaient contents. Il faut les voir comme des enfants qui, loin de leur mère, leur maison et leurs amis « veulent quelque chose ». C’est ce que j’ai fait. J’avais plein de jeux, de quoi faire du courrier, des carnets de chants en libre accès. Dans une voiture, j’avais ceux qui chantaient, dans une autre ceux qui jouaient. J’avais aussi 500 livres et 1000 magazines que je faisais circuler. Je prenais à part certains soldats dans ma chambre pour leur parler, écouter leurs histoires. Nous avons bien ri. J’avais aussi à leur disposition plein d’en-cas (lait, bonbons, tartes, gâteaux etc…). C’était comme une grande famille même s’il y avait environ quinze nationalités différentes et peut-être autant de religions…

* Camp Upton fait partie des trois camps de transit avant la traversée... (NDLR)

...J’ai appris que chaque gars est droit si on le touche en particulier en lui offrant des présents ou en acceptant de partager quelque chose. Dans le train, la nuit, nous avons voyagé sans lumière. On peut imaginer la cohue dans ces conditions. A l’arrêt de Washington, nous avons eu le droit de descendre du train et de rendre visite à la cantine de la Croix Rouge pour y recevoir du café et des sandwichs. Ils sont très efficaces car ils sont arrivés à servir 1000 hommes en une heure...

...J’ai appris que chaque gars est droit si on le touche en particulier en lui offrant des présents ou en acceptant de partager quelque chose. Dans le train, la nuit, nous avons voyagé sans lumière. On peut imaginer la cohue dans ces conditions. A l’arrêt de Washington, nous avons eu le droit de descendre du train et de rendre visite à la cantine de la Croix Rouge pour y recevoir du café et des sandwichs. Ils sont très efficaces car ils sont arrivés à servir 1000 hommes en une heure...

...J’ai pu échanger 5 minutes avec la femme du Président Wilson (ci-dessus) à propos de nos petits incidents de parcours. Je lui ai parlé de Tante Celina, la sorcière des Montagnes du Kentucky qui se vantait de garder au pouvoir le Président. Elle a demandé son adresse en rigolant pour pouvoir lui écrire en lui demandant d’arrêter car elle le voulait pour elle. Je lui ai promis une belle photo pour la Maison Blanche. Au moment du départ, elle s’est tenue devant la cantine en souriant aux soldats...

...J’ai pu échanger 5 minutes avec la femme du Président Wilson (ci-dessus) à propos de nos petits incidents de parcours. Je lui ai parlé de Tante Celina, la sorcière des Montagnes du Kentucky qui se vantait de garder au pouvoir le Président. Elle a demandé son adresse en rigolant pour pouvoir lui écrire en lui demandant d’arrêter car elle le voulait pour elle. Je lui ai promis une belle photo pour la Maison Blanche. Au moment du départ, elle s’est tenue devant la cantine en souriant aux soldats...

 

...Quand nous sommes arrivés en vue de New York, il y a eu un grand cri de joie dans le train. J’ai passé plusieurs jours à être attentif aux besoins des gars et recevoir plein d’idées sur mon travail à Camp Hancock, en France, là où je me trouverai. Il y a beaucoup à faire ici et j’ai fait de mon mieux pour faciliter la fin de cette guerre. 

J’ai passé un jour merveilleux à Long Island sur la côte à l’invitation de la veuve d’un millionnaire et je me suis aussi amusé dans quatre autres maisons dont le mode de vie est si diffèrent du nôtre.

Je suis bientôt à la fin de ma mission et devrais quitter ces 500 gars que je reverrai ou pas en France. 

J’ajoute que je suis heureux de ce travail et que chacun doit faire tout son possible pour gagner cette guerre.» (R. L. Sharpe – 08/18)

Camp Merritt (New Jersey)

Le Carroll Free Press introduit (juin 18) le courrier de D. Merrell en précisant que celui-ci est un ancien employé du journal, qui, un an plus tôt s’est engagé car il avait déjà une expérience militaire.

« Les troupes du sud sont arrêtées ici pour recevoir le reste de leur équipement. C’est un très grand camp, le dernier arrêt avant la traversée. Le temps est bon même si l’on doit dormir sous nos couvertures car il fait plutôt froid. C’est bien la première fois que j’ai froid en juin. Nous devons nous rendre au port distant de 13 miles pour embarquer lundi ou mardi. Nous avons eu des ennuis avec les nègres qui utilisent les mêmes bâtiments Y.M.C.A. que nous. Bien sûr, nous avons refusé de nous asseoir aux mêmes tables. De là, quelques accrochages jusqu’à ce que les nègres apprennent à aller ailleurs. Le ministère de la guerre nous a fait voyager en train de jours mais deux jours et une nuit dedans étaient très fatigants. Nous avons été traités royalement tout le long avec des rafraichissements servis par la Croix Rouge. Nous sommes arrivés à New-York jeudi à 5 heures et nous avons rejoint le camp distant de 14 miles. »

« Les troupes du sud sont arrêtées ici pour recevoir le reste de leur équipement. C’est un très grand camp, le dernier arrêt avant la traversée. Le temps est bon même si l’on doit dormir sous nos couvertures car il fait plutôt froid. C’est bien la première fois que j’ai froid en juin. Nous devons nous rendre au port distant de 13 miles pour embarquer lundi ou mardi. Nous avons eu des ennuis avec les nègres qui utilisent les mêmes bâtiments Y.M.C.A. que nous. Bien sûr, nous avons refusé de nous asseoir aux mêmes tables. De là, quelques accrochages jusqu’à ce que les nègres apprennent à aller ailleurs. Le ministère de la guerre nous a fait voyager en train de jours mais deux jours et une nuit dedans étaient très fatigants. Nous avons été traités royalement tout le long avec des rafraichissements servis par la Croix Rouge. Nous sommes arrivés à New-York jeudi à 5 heures et nous avons rejoint le camp distant de 14 miles. »

Un jour de juillet 18, de ce camp, G. B. Wilson fait ses adieux à sa mère car il prend le bateau de 12 heures : «  Je souhaite à tous bonne chance et ne vous tracassez pas car si je ne revenais pas, je vous retrouverais dans un endroit meilleur. Vous n’aurez jamais entendu de telles prières que les nôtres depuis que nous sommes ici et que nous faisons nos adieux à nos femmes et enfants. Je vais vous envoyer un badge pour le porter en permanence mais s’il-vous-plait, ne vous en faites pas pour moi. »

 

«Maman, Je suis arrivé au port d’embarcation hier après-midi et je n’ai pas abandonné l’idée de te revoir avant de partir. Ne t’inquiète pas pour moi car je crois en mon Sauveur s’il m’appelle. Je le remercie pour les parents qu’il m’a donnés et cela me prendra du temps de vous rendre ce que vous m’avez apporté. La plupart des gars prêts à partir sont de Géorgie et sont très calmes et deux d’entre nous sont des officiers parmi les plus raffinés d’Amérique. Le voyage pour venir ici s’est bien déroulé même si je ne l’ai pas aimé. Dans toutes les villes où nous nous sommes arrêtés, nous avons été bien traités spécialement pas la Croix Rouge qui nous a servi du café, des fruits et des cartes postales pré-timbrées. Nous avons traversé 5 états dont ceux très montagneux du Tennessee et de Virginie. Là où nous sommes passés dans le Maryland, ils font pousser du blé et du maïs. De champ en champ, nous avons vu des meules aussi larges que ta grange. J’ai aussi vu de grands champs de tabac, de choux et de sarrasin et d’autres choses que je n’avais jamais vues auparavant. Si ce n’avait été pour la raison que tu connais, ça aurait pu être un grand voyage pour moi mais je ne pouvais m’empêcher de penser à la maison...

... Pensez à m’écrire à l’encre car la mine d’un crayon pourrait être effacée pendant la traversée.

Nous sortons d’un bon souper bien meilleur que ceux de Greenleaf en quantité et en qualité. Je préfère ce camp à bien des points de vue : les salles de bain sont plus belles ici que le hall du mess là-bas et les dortoirs sont bien construits. Je pense qu’ils doivent être confortables en hiver.

Je n’aime pas faire de virement mais je n’ai pas été payé ce mois et les dépenses ici sont plus importantes que ce que l’on pourrait penser. » (W Ayers – 09/18)

 

 

« Nous allons partir bientôt pour la France car ici, c’est seulement un camp de passage. J’ai plein d’argent que je vais envoyer à la maison car je n’en ai pas beaucoup l’utilité maintenant.

Maman, je t’ai demandé un chandail dont je n’ai pas besoin maintenant mais plus tard en saison. Envoie-moi le quand tu peux.

Ne vous en faites pas pour moi : je mange beaucoup et ai de bons officiers.

Dites-moi si vous voulez rapatrier le corps de mon frère et si oui, j‘y consacrerai mon temps libre. Je vais essayer d’aller sur sa tombe dès que possible.

C’est un beau pays avec de merveilleux paysages. » (H.W. Holland – 09/18)

« C’était un beau voyage qui m’a plu : deux jours et deux nuits avant la descente du train. Partant de Camp Gordon, nous avons traversé 5 états dont la Caroline du Nord et la Virginie et un sixième en partie. A la descente, nous étions à New York. Dans les villes où nous nous sommes arrêtés, les filles de la Croix Rouge nous rassasiaient et nous donnaient aussi du tabac...

« C’était un beau voyage qui m’a plu : deux jours et deux nuits avant la descente du train. Partant de Camp Gordon, nous avons traversé 5 états dont la Caroline du Nord et la Virginie et un sixième en partie. A la descente, nous étions à New York. Dans les villes où nous nous sommes arrêtés, les filles de la Croix Rouge nous rassasiaient et nous donnaient aussi du tabac...

... C’est une belle organisation. C’est le plus beau pays que j’ai jamais vu, aussi plat et lisse qu’un plancher. On y cultive du coton et du maïs comme chez nous.
Je ne pense pas que nous allons rester longtemps. »
(D. Williamson – 10/18)

Ils sont arrivés !

 

 

 

 

« J’ai été malade pendant 4 à 5 jours après que nous ayons abordé. Ce fut un rude voyage où j’ai été malade la plupart du temps.

J’ai besoin de m’acclimater car le temps est diffèrent ici de ce nous connaissons chez nous. J’ai attrapé un refroidissement en arrivant...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 ... Je ne pense pas que nous restions très longtemps. Ils tiennent leur ligne mais ne prennent aucune initiative. S’ils ne font pas des négociations de paix, nous allons les mettre en déroute. » (W. Ayers- 10/18)

 

Entrée au port de Brest d'un navire américain escorté par un zeppelin français.

« Nous avons vu beaucoup de choses mais tous avaient besoin de repos en arrivant ici. Beaucoup de gars ont été malades sauf moi sans doute parce que j’avais déjà eu le mal de mer. Par beau temps, la traversée a été sans problème. Il nous a fallu voyager beaucoup en train et marcher de même à pied et nous étions aussi gais que lorsque nous avons quitté Fort Morgan. » (A.E. Nixon – 09/18)

A suivre...

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