J'ai connu
Lena lors des rencontres du club d'accordéon d'Atlanta puis je l'ai retrouvée à une soirée cajun. Notre conversation s'est orientée vers ses racines estoniennes... Je suis
heureux de lui offrir le premier article de cette nouvelle série "Racines" car son histoire est très émouvante. Laissons-lui la parole...
Une culture bafouée
Avant l'Indépendance, du temps de Staline, l’art, la musique, la politique ont été rejetés.
L'Estonie n'existait plus, c'était alors l'URSS. Dans le film (cf. ci-après), il est dit qu'en une nuit 10,000 personnes ont disparu. Les russes essayaient de se débarrasser du peuple estonien et de russifier son territoire. C'était de fait un génocide, sujet très actuel.
"La Mort résout tous les problèmes : plus personne – plus de problème." Staline.
Estonie : une indépendance difficile
J'étais très au fait que la Russie avait annexé tous ces pays ... parce que mon père venait d'Estonie qui n'était plus un pays. Donc j'étais toujours intéressée...
Estonie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Estonie
« David et Goliath » est une très bonne analogie. De tous les pays qui auraient pu renverser l'URSS, qui aurait pensé qu'un si petit pays le ferait ? C'est quelque chose!
Récemment j'ai acheté le DVD " La Révolution en Chantant " à propos de l'Estonie. C'est un film documentaire de James et Maureen Tusty, qui raconte la lutte d’une nation minuscule pour son indépendance. Les auteurs sont très contents d’avoir été diffusés sur les chaînes publiques comme documentaire, pour qu'il atteigne une grande partie du public. C’est un sujet actuel.
Je ne sais de quelle façon je me suis retrouvée sur leur liste de diffusion mais c’est comme ça que j’ai découvert qu'il était diffusé à la TV. On y parle beaucoup de la culture estonienne et de ce que sont les Estoniens. Le sujet du film : « Comment la culture a sauvé une nation." C'est assez génial. Ils n'avaient aucune armée, aucune arme ... juste leur culture.
Un passage du film m'a vraiment frappé :
« Le héros de conte de fées estonien n’est pas un courageux chevalier qui assassine des dragons pour sauver la princesse. C’est un vieux sage, gardien de grange, qui est assis près du feu. Il attend, observe et agit seulement au bon moment.
« La patience est une arme, la prudence est une vertu. ».
J'aime cette déclaration qui caractérise le tempérament de ce peuple.
Il semble que les chaînes publiques aient diffusé le film dans beaucoup d’endroits parce que ce que la Russie a fait en Estonie est essentiellement un holocauste. C’est du bon travail.
-> Le film
Regardez le site Web - c'est très intéressant.
Je me souviens d’un jour où mon fils qui était au lycée, est revenu à la maison avec un article du New York Times. Cela parlait de l'Estonie essayant de gagner son indépendance. Il pensait que je serais intéressée- je crois que c'était dans les années 1980- et j’ai pensé : "Ils sont fous ! C’est un si petit pays... La Russie marchera sur eux et les rejettera à la mer..."
Une recherche assidue
Vous souvenez-vous de la série TV "Racines" ? C'est l'histoire d'un homme à la recherche de ses ancêtres esclaves ... Et bien, mon père est mort quand j'avais 7 ans. Depuis, j'ai joué "Racines".
Mon père, Edward Uhlman, au nom plus Germanique que la plupart des noms estoniens, avait malheureusement, déjà 50 ans à ma naissance. Il semble qu'il m'ait adoré, parce qu'il a pris des tonnes de photos de moi ... il avait une chambre noire au sous-sol et développait ses propres photos. Je suppose que c'est bien pour lui d’être venu aux USA, de m’avoir eu et que j'ai eu 3 enfants. Je crois que j'étais le seul enfant de CE1 à savoir où se trouvait l'Estonie et ce qu’était une aurore boréale ! Mon père m'avait acheté un globe, montré dessus d’où il venait et parlé de l’aurore boréale. Je regrette qu'il n'ait pas vécu plus longtemps. Il était très intelligent et semblait être une personne plutôt intéressante. Il aimait l'opéra et j'ai encore sa collection de 78 tours. A la mort de sa première femme, il s'était retrouvé veuf sans enfants.
|
|
Gracia Maldarelli, c’est ma mère. Ses parents, Gaetano et Francesco Maldarelli, de Giovinazzo (Italie). Francesco est venu le premier, en 1904 puis elle en l906 avec 2 fils Leonardo et Pasquale. Ils ont encore eu 6 enfants aux USA, là où ma mère est née. Apparemment sa famille n'était pas très concernée par les dates de naissance et l'orthographe des noms... Mon père, lui, était très précis a propos de son nom, sa date de naissance et sa nationalité. Ce qui était clair pour lui, c’est qu'il était ESTONIEN. Il le faisait savoir partout ! Mes parents travaillaient tous les deux à l'usine d'aluminium Alcoa, à Edgewater, New Jersey. Il était son patron... Comme c'est mignon ! |
. |
Mon père a quitté l'Estonie à l’adolescence. On perd sa trace vers 14/15ans. On m'a dit qu'il a sauté sur un bateau et gagné la Finlande la première fois, mais qu'il a été attrapé et renvoyé en Estonie. Alors il a repris le bateau et cet essai a été fructueux. Il parait qu'il ne pouvait pas entrer aux USA parce qu'il n'avait pas de parrain. Je crois qu'il est resté au Canada quelque temps, a travaillé pour des personnes qui l'ont parrainé. C'est comme ça qu'il a pu entrer aux USA. J'ai retrouvé un formulaire de recensement pour la première guerre mondiale au nom d’Edward Uhlman, avec sa date de naissance et sa mère était Lena. Ça ressemble à sa signature et c'était dans le New Jersey, en 1918. Ainsi, il était aux États-Unis autour de 1917.
Bien sûr il semble qu'il n'y ait aucun descendant vivant ..... sauf si le " mouton noir1" qui avait atterri en prison avait eu des enfants !
Je n'ai pas eu plus de chance avec la famille de ma mère (Maldarelli ) non plus.
C’est comme un passe-temps pour moi - quelque chose pour jouer avec .... qui me donne quelque chose à faire tandis que je suis ici au travail (compagnie d’assurance). Mais je persévère).
Découvrir sa culture
J'ai appris à jouer la chanson « mu isamaa on minu arm ». J’ai plaisir à la jouer et penser à la force de caractère de ce peuple. Ce n'est pas une chanson de danse !
Y a-t-il une raison d’apprendre "mu isamaa on minu" ? Est-ce relatif à la Révolution ?
Bien sûr
! L'Estonie a l’une des plus grandes collections de chansons folkloriques au monde. Ils ont eu des festivals de chanson pendant des siècles, où 20-25,000 personnes se rassemblaient chaque
année pour chanter. Même pendant l'occupation, les Estoniens avaient toujours leurs festivals de chanson, c'est une chose qui les rassemblait.
Seulement ils devaient chanter des éloges à Staline. Les Soviets ont utilisé ces grandes réunions pour montrer comme les Estoniens étaient enchantés de vivre sous le communisme.
En 1947, le chef d'orchestre a composé une nouvelle chanson pour le festival extraite d'une poésie écrite 100 ans plus tôt « Mu Issama on minu arm » « La Terre de mes pères, terre que j'aime ». Et ils ont chanté la chanson dans la Langue Estonienne, non en russe. D'une façon ou d'une autre, ceci a échappé aux censeurs soviétiques et la chanson a déclenché tant d'émotion que c'est immédiatement devenu "l'hymne national officieux". Aussi, c'était un signe de protestation. La chanson a tellement remué les gens qu'il a été interdit de la chanter au festival suivant mais tout le monde l'a spontanément chantée à plusieurs reprises.
Une autre citation intéressante "Nous, Estoniens, sommes si peu nombreux, que nous devons souligner que nous existons" je pense qu'elle se rapporte au fait de garder leur culture.
J'ai écrit à la Maison de l’Estonie à NEW YORK et demandé si l’on pourrait me dire le nom d'une chanson qui serait connue de chaque Estonien - quelque chose d'équivalent à la Tarentelle pour les Italiens. Mon interlocutrice m'a envoyé les partitions de plusieurs chansons!! C’était génial !!! Elle pense que CHAQUE estonien reconnaîtrait la danse folklorique Kaerajaan (l'avoine de John). Je peux la jouer ainsi qu'un couple d'autres. C‘est cool !!
Quelque chose que je trouve être drôle est que j'ai toujours aimé la joaillerie en étain et ne savais pas pourquoi. Après observation de leurs costumes, je pense que ce doit être inhérent.
En réalité, j'ai probablement lu tout ce qui était disponible sur l'Estonie ..... même leurs journaux de mode, leurs magasines, et leurs musiciens. Leurs sites web sont géniaux et très avancés.
La nourriture ne ressemble pas à quelque chose de désirable.
Je me souviens
quand j'étais petite fille, j'avais l'habitude de manger du pâté de tête, des rognons, de la langue et du hareng. Je les aimais parce que mon père
les mangeait. Alors quand je suis devenue assez vieille pour comprendre que ces produits alimentaires donnaient des hauts-le cœur aux autres enfants, j’ai arrêté de les consommer… jusqu'à ce que
je devienne encore plus vieille…
A 19 ans j'ai
épousé un Importateur allemand dont la famille était de Westphalie : j’ai donc recommencé à manger plein de choses bizarres..
"J'aimais déjà la musique!"
Au même âge, mon beau-frère Guenter est allé en Allemagne et m'a demandé ce que je voulais qu'il me rapporte. Je lui ai demandé un peu de tissu pour une large jupe froncée, ce qu'il a fait. Avec ceci, j’ai fait ma propre version. Comme c’est drôle !!
-> Voir des costumes folkloriques :
J'aimerais aller en Estonie une fois - juste pour dire que j'y suis allée…
On te le souhaite Lena !
Lena et "sa" robe estonnienne