1 -Finissons notre exploration du journal USA TODAY
Des raisons d'espérer
Conséquence positive inattendue : Les entreprises appartenant à des noirs voient une augment ation de leurs affaires.
Christian, la propriétaire d’un coffee-shop a vu « des commandes arriver les unes à la suite des autres, une augmentation de 225% depuis la fin mai », confie-t-elle au journal. « Les gens montrent ainsi leur support à la communauté noire en réponse à la violence policière ». Pour appuyer ce mouvement, de nombreuses listes d’affaires gérées par des noirs ont été publiées en ligne. Ces entrepreneurs voient avec intérêt cette tendance mais déplorent les circonstances dans lesquelles elles se sont manifestées.
Lois, fondateur d’une compagnie de salons de coiffure a vécu lui aussi ce même phénomène après que son affaire ait été inscrite dans une liste.
De son côté, la compagnie UberEats (livraison de repas) a commencé à renoncer aux frais de livraison lorsque les commandes sont faites auprès de restaurants dont les propriétaires sont noirs.
Le mouvement s’étend aux banques dirigées par des noirs : l’une d’elle, OneUnited, a dû ouvrir 40 000 nouveaux comptes le mois dernier.
Six compagnies arrêtent leur publicité sur Facebook
Ces six compagnies (Eddie Bauer, The North Face, Patagonia, REI, Mozilla, Upwork) prônent le boycott des publicités sur Facebook en vue de réduire les contenus violents et racistes de ce media social. Elles ont été rejointes par une centaine de compagnies plus petites.
Derrick Johnson, président de NAACP estime "qu'il est important de s'engager sur cette voie quand des plateformes comme Facebook n'ont pas de garde-fous".
Toutefois, Mari Smith, un expert de Facebook tempère : "Pour atteindre un réel changement sur Facebook, il faudrait que des milliers de marques fassent la même démarche pendant un mois ou plus."
Facebook en question
La semaine suivante, un long article revient sur la question et en particulier celle du comportement de Facebook,
Par exemple, une jeune militante a vu son compte suspendu 27 fois pour avoir posté contre le racisme.
Devant la menace du boycott, le président Mark Zuckerberg et son équipe ont rencontré des représentants des associations pour les droits civils. Parmi les demandes de ces derniers figurent :
- un audit sur les discours de haine et la désinformation sur Facebook ;
- le suppression de tous les discours de haine ainsi que des groupes qui les propagent ;
- le refus de passer de la publicité trop proche de discours haineux ;
- l'embauche d'un représentant des droits civils chargé d'évaluer les produits et la politique de Facebook par rapport à la discrimination et à la haine.
Ceci ne fait que reprendre les demandes déjà effectuées en 2016/17. Depuis, peu de signes de progrès ont été perçus...
Le problème n'est pas simple car la minorité noire est largement sous-représentée dans la totalité des employés de Facebook : 1025 sur 27 705 (moins de 4%).
Beaucoup de militants se plaignent du fait que lorsqu'ils sont insultés sur Facebook, les contenus ne peuvent pas être retirés mais lorsqu'eux-mêmes retransmettent ces insultes, alors ces nouvelles publications, elles, le sont ! Pourtant, comme il le disent : Facebook est trop utile pour le quitter...
Les Lakers s'engagent sur la question de la justice raciale
LeBron James
Beaucoup de joueurs de cette équipe de basket-ball sont au centre de ce débat car ils sont les leaders de leur communauté. Certains se demandent s'ils rejoueront lorsque la saison reprendra. Bradley, l'un des leaders d'une coalition de joueurs demande que leur Fédération finance mieux les combats contre l'inégalité raciale et pour l’amélioration de la diversité raciale dans les bureaux d'accueil et les équipes d'entrainement.
Ces mêmes joueurs vont apporter une aide financière à des associations qui aident les jeunes des minorités à travers le sport et l'éducation.
Les basketteuses d'Atlanta s'engagent aussi !
Elles demandent la destitution de la copropriétaire de leur équipe au motif d'avoir refusé d'imprimer le slogan "Black lives matter" sur leur maillot.
Une solution : le départ ?
Ce n’est pas un phénomène nouveau : de grands noms de la littérature (James Baldwin), du cabaret (Joséphine Baker), des musiciens de jazz et des chanteurs de blues ont quitté le pays… Le chanteur Paul Robeson disait qu’en Russie, il s’était senti pleinement humain pour la première fois. Alors de nos jours ?
L’année de l’élection de Trump voyait une hausse de recherches sur Internet avec le mot « Blaxit »… Coïncidence ?
Après avoir connu des démêlés avec la police, Anthony et Okunimi décident de quitter le pays. D’autres noirs américains prennent également cette décision. Les destinations sont diverses : Allemagne, Trinidad, Ghana. Tous ont la même analyse ils se sentent coincés et sans pouvoir face au racisme persistant, à la brutalité de la police et à leurs difficultés économiques aux USA.
Au Ghana, un programme encourage la diaspora africaine à revenir au pays. Kambon qui travaille pour celui-ci rejette les termes de « noirs américains » ou « africain-américains » utilisés aux USA. Il ne retournera jamais dans ce pays. « J’ai décidé de ne plus être sous la férule de ces blancs qui, par caprice, décident de vous mettre en prison et donc que vous ne verriez plus votre famille pendant les dix prochaines années. »
Bien que le racisme ne soit pas absent en Allemagne, Baggette s’y sent mieux et en plus grande sécurité. Une étude de 2009 montrait que les noirs avaient 2,5 fois plus de chance ( ! ) d’être tués par la police que les blancs aux USA.
Springer, 50 ans, vit la même expérience en Angleterre et citant un professeur de sociologie de Manchester : « ici, le racisme est moins mortel que celui des USA. » Springer ne supporte plus son pays d’origine et est décidé à ne plus y retourner.
Drayton, qui vit à Trinidad déclare : « Aux States vos mains tremblent. Vous vous demandez quoi dire et si vous avez la bonne carte d’identité quand vous avez affaire à la police. Ce n’est pas le cas ici. »
Sienna confirme le propos, elle qui a fondé sa compagnie pour aider les femmes noires américaines à émigrer en Espagne.
Lakeshia ne dit pas autre chose au Ghana mais ajoute qu’elle a constaté avec plaisir que l’on peut vivre très bien dans ce pays.
Brown est déterminée à se rendre dans le sud de l’Europe pour bâtir un petit capital, chose quasiment impossible à atteindre aux USA pour les noirs contrairement aux blancs qui le transmettent de générations en générations : une étude de Pew Research estimait que la richesse moyenne des blancs était 10 fois supérieure à celle des noirs…
2 - Et pour finir, un extrait du Guardian Atlanta Week
En débat : le problème du monument confédéré dans le parc national de Stone Moutain
Cette sculpture en pierre, à même le piton volcanique de Stone Mountain, achevée en 1972, le plus grand mémorial de la Confédération, à 158 pieds de haut, est la plus grande de son genre dans le monde. Elle a été initiée par le Ku Klux Klan. Le propriétaire de la terre était un membre du Klan tout comme le sculpteur.
Le spectaculaire lasershow qui s'y déroule là est une célébration de la marque "America" avec son énorme projection vidéo 3D plus grande que la Statue de la Liberté, ses explosions de feu et une partition musicale entraînante. Les familles qui visitent ce parc, l’attraction touristique la plus populaire de Géorgie, viennent ici pour pique-niquer sur la grande pelouse et contempler le spectacle, qui est projeté directement sur le monument confédéré de Stone Mountain. Le spectacle se termine par les trois sculptures des dirigeants confédérés – les généraux Robert E Lee, Stonewall Jackson et le président confédéré Jefferson Davis – qui reprennent vie et « s’en vont » dans le ciel du soir.
Fin (sans doute provisoire de cette série d'articles)