J'ai rencontré Maria par hasard alors qu'elle préparait le repas de Noël pour le compte du CSA (ci-dessous). Récit d'un parcours personnel.
Je suis arrivée aux USA en janvier 2003. Je venais de Berlin (Allemagne) où j'ai étudié la philosophie et fait la comptabilité dans un cabinet immobilier. Avant d'habiter là,j'ai travaillé en Suède en tant que professeur suppléant dans un collège. |
Mon ex-mari, qui reste mon meilleur ami et mon
colocataire, a commencé son doctorat en géographie humaine à l'Université de l'Arizona à Tucson. Nous sommes venus à Carrollton, en Géorgie, à l'automne 2007 quand il a obtenu un emploi à
l'Université de West Georgia.
Je viens
d'Upplands Vasby, une petite ville de
banlieue à
une demi-heure au nord de
Stockholm. J'ai grandi dans une propriété collective
dont les
membres étaient fermiers à temps partiel . Toute ma famille y vit toujours : parents, sœurs, grands-parents, cousins ... tout le
monde.
Décembre 2011 : préparation du repas pour le marché de Noël. (ci-dessus) et vente (ci-dessous)
Je ne cherche pas particulièrement à rencontrer d'autres Suédois : j'ai une manière très post-structuraliste et relativiste de la recherche sur la culture et ne suis pas particulièrement nostalgique de la Suède. Probablement, je me sens plus surtout européenne (j'ai vécu pendant de brèves périodes en Italie, Grèce, Royaume-Uni et Allemagne) que spécifiquement suédoise, même si l'on me dit que ma façon de voir la vie, la politique, le monde est très scandinave. Mon ex-mari est allemand, ma femme actuelle est Texane, ma fille est trilingue et nous vivons en Géorgie ! Notre maison est un melting-pot culturel, très semblable aux Etats-Unis en général. Malgré tout, j'ai gardé les traditions suédoises qui me plaisaient, comme les fêtes de la Saint-Jean et certaines traditions de Noël. |
|
Je suis très adaptable, donc je n'ai pas eu de difficultés personnelles. Cependant,
ayant grandi dans un pays plus ou moins athée, cela m'a un peu gênée que tout le monde parle de Dieu. Il m'a fallu un certain temps pour accepter, comprendre et respecter ce point de vue de
l'existence. J'ai
aussi rougi quand les gens n'arrêtaient pas de me dire «Je t'aime», même quand il était évident pour moi que cela signifiait simplement "Je pense que vous êtes une personne bien
intéressante". Depuis, j'ai surmonté cette difficulté. Je ne suis pas encore très insouciante avec le mot
amour, comme la plupart des Américains, mais je ne me sens plus aussi gênée
qu'avant.
J'essaie de travailler aussi peu que possible pour avoir le plus de temps possible à passer avec ma famille, traîner et bricoler dans le jardin et lire de bons livres.
Je travaille un minimum pour payer mes factures, au CSA (Community Support Agriculture) deux fois par semaine et chez le bouquiniste Underground tous les dimanches. |
Je possède aussi un studio de yoga avec des classes 4-5 fois par semaine mais ce n'est pas tant un travail qu'un passe-temps et un mode de vie. |
J'aime (eh oui!) ma vie ici. J'aime les gens, être proche de tous. Il est facile et doux de vivre ici en général mais en particulier à Carrollton. Ce mélange d'agriculteurs biologiques, de marginaux, d'universitaires, d'enseignants et étudiants de yoga, de musiciens, d'artistes et de gens qui essaient de vivre en dehors de la mouture normale de la société, en fait une ville très spéciale*. |
Pourtant, je vais probablement déménager dans les montagnes en Caroline du Nord ou vers la côte, une fois que ma fille aura terminé ses études secondaires. La nature ne me touche pas ici. Je ne pense pas retourner en Europe et définitivement pas en Suède. Ça semble si petit, en quelque sorte, trop homogène. Les gens prennent la vie et eux-mêmes trop au sérieux. J'aime la légèreté d'esprit de l'Amérique, même si parfois on a l'impression que c'est une culture un peu trop superficielle et simpliste comme celle des adolescents, mais à la fin, il semble que "l'insoutenable légèreté de l'être" soit tout à fait supportable.
Laissons Maria poursuivre son rêve américain en lui souhaitant bonne chance !
* Ses relations sur Facebook